Des·Espoirs
Des·espoirs | « L’espoir et le désespoir se rejettent mutuellement » – Taha-Hassine Ferhat
« Grâce au Darna, j’ai enfin pu laisser le passé au passé.»
Avec son regard sombre et son timide sourire, c’est sur ces mots qu’Abdallah achève le récit de son enfance. Dans sa chambre du foyer de la ferme pédagogique de l’association Darna, ce jeune homme de 19 ans me confie son histoire en toute humilité. Avec cette extrême pudeur de ceux qui ont grandi trop vite. À 13 ans, il quitte Taounate avec sa fratrie pour s’installer à Tanger. Face à la mer, des rêves plein la tête et des espoirs plein le coeur. Face à l’amer, le désespoir le pousse à risquer plusieurs fois sa vie pour tenter le rêve Européen. Adulte malgré lui, l’idée d’émigrer pour trouver du travail l’obnubile. « M’enfuir était la seule issue ». C’est finalement la rue qui l’accueille à bras ouverts. De ports en ports, ils foulent les quais de Ksar Sghir à Bab Bhar avec ses compagnons de galère. Ces prisons en bord de mer où la drogue coule à flot deviendront leurs dortoirs éphémères.
Un jour, une main se tend vers lui, celle de Moustafah, un « éducateur de rue » qui lui ouvre les portes du Darna, « notre maison », un centre d’accueil pour les jeunes et les femmes en difficulté. Un espace d’entraide et de partage, où l’on panse les âmes meurtries en offrant une porte de sortie, des formations et un « nouveau foyer ». Après 3 années passées dans la rue, Abdallah a du réapprendre à faire confiance et surtout à reprendre confiance en lui. C’est le cirque qu’il choisit. Entourés de ses camarades Souleïman, Rachid ou bien encore Marwan, avec qui ils s’entrainent chaque jour, ils proposent des spectacles gratuits au public de la ferme. Les costumes, les marionnettes, les décors ; tout y est crée grâce au talent de l’artiste (et vice-président de l’association), Abdelghani Bouzian.
Abdallah est à lui seul une leçon de vie, de courage et d?espoir.
« Aujourd’hui, je suis fier de monter sur scène et d’être un exemple pour les enfants, mais si je pars, cette fois ce sera avec un visa de travail, en tant qu’artiste. Mais je souhaiterais également devenir à mon tour éducateur pour aider d’autres jeunes Abdallah.»